La nécessité de donner un grand développement à l’instruction primaire est plus impérieuse aujourd’hui que jamais, et préoccupe à juste titre tous les hommes éclairés. Elle se heurte malheureusement à de sérieuses difficullés, au nombre desquelles se présente, en première ligne peut-être, la pénurie d’ouvrages spéciaux rédigés dans un esprit convenable. Celte Jacune s’explique d’ailleurs aisément quand on réfléchit aux exigences qui s’imposent à un enseignement dont les limiles sont étroites ; qu’il s’agisse de littéralure, d’histoire, de sciences ou de beaux arts, il faut s’y garder à la fois de trop embrasser et de se trop restreindre, se maintenir dans l’essentiel sans tomber dans la sécheresse, êlre toujours clair et vrai jusque dans les moindres détails, et s’atlacher surtout à donner à une bonne direction aux esprits. Ces modestes petits livres d’école, qui sont appelés à exercer une influence considérable sur l’avenir du pays, par cela même qu’ils s’adressent à la classe la plus nombreuse, devraient donc ètre écrits par des hommes de grande instruction, d’intelligence ouverte, de cordial dévouement pour les humbles, et il semble que pareille lâche ne soit au-dessous d’aucune ambition. Laissez venir à moi les petits enfants, a dit le divin Maître.
Nous n’avons certes pas la prétention d’avoir pleinement répondu à ce programme dans l’ouvrage que nous offrons aujourd’hui au public; que notre essai en provoque de meilleurs, et soit en altendant de quelque utilité : nous ne demandons pas davantage, el ce qui vient d’être dit a uniquement pour but de montrer dans quel esprit nous l’avons conçu.
De lous les genres de dessin linéaire, le dessin d’architecture le est le plus important au point de vue de l’instruction générale, parce qu’il exige une grande exactitude, tend : former le goût, parle aux yeux en même temps qu’à la raison, et, utile dans toutes les branches de l’industrie, est de première nécessité pour la plupart. Mais suffit-il, comme on ne le fait que trop souvent, de remeltre aux élèves des modèles à copier, sans s’attacher à leur faire comprendre les molifs et le mérite des formes qu’ils sont appelés à reproduire et à se graver dans l’esprit? Est-il permis d’improviser des exemples, ou de les prendre cn quelque sorte au hasard dans des œuvres appartenant aux slyles les plus divers? Assurément non. Si, en fait d’enseignement graphique, celui de l’architecture, alors même qu’il se borne aux premiers éléments, est de nature à développer l’inteiligence plus eflicacement qu’aucun autre, c’est à condition de ne la point négliger, el plus restreint est le nombre des types, plus il importe de les choisir avec grande sollicitude.
Une heureuse circonstance a facilité notre choix, el a nous a donné le point d’appui dont nous avions besoin. Notre éditeur a publié un grand traité d’Architecture qui est devenu classique après avoir été couronné par l’Académie des beaux-arts, et il a obtenu de l’auteur, M. Léonce Reynaud, l’autorisation d’y faire des emprunts. Beaucoup de dessins de notre collection sont tirés de cel ouvrage; les autres sont puisés dans des édifices qui complent parmi les plus remarquables des temps modernes.
Quelques-uns de ces dessins ont dû être exécutés sur une trop petite échelle, pour que, malgré le talent du graveur, les formes des divers ornements puissent être justement appréciées par les élèves ; mais nous avons eu soin de les accompagner, soit sur la même planche, soit sur des planches séparées, de dessins de détails très-précis qui permetiront de les reproduire sur une plus grande échelle, genre d’exercice que nous ne saurions trop recommander.
Enfin, chacune de nos planches cst accompagnée d’une explication succincle, que nous nous sommes efforcé de rendre claire et suffisante, des formes qu’elle présente comme des modèles de disposition et de bon goût.
Table of Contents
ÉLÉMENTS D’ARCHITECTURE
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE I
TRACÉS GÉOMÉTRIQUES
On se sert habituellement de la règle et de l’équerre pour tracer les lignes perpendiculaires ou parallèles que comportent les dessins d’architecture, et celte méthode, qui a le mérite d’être expéditive, admet beaucoup d’exactitude quand la règle est droite et l’équerre juste ; mais il est d’autres procédés auxquels on a parfois recours, surtout pour les opérations à faire sur le terrain, et qu’il importe de connaître. FIGURE 1.
Élever une perpendiculaire sur une ligne A B par un point C de cette ligne.
On porte sur la ligne AB, à droite et à gauche du point C, deux longueurs égales Cm, Cn; des points m et n comme centres, avec un rayon plus grand que Cm, on décrit deux ares de cercle, et l’on D joint le point D où ils se coupent au point C; la ligne CD est la perpendiculaire demandée. Les angles qu’elle fait avec la ligne AB sont égaux: ce sont des angles droits. FIGure 2.
Abaisser une perpendiculaire sur une ligne AB l’un point C situé on dehors de cette ligne. Du point C comme centre, on décrit deux arcs de cercle qui coupent la ligne AB
en m et en n; on la du porte la pointe du compas successivement sur l’un et l’autre de ces points, et l’on joint le point C au point D où viennent se croiser les deux derniers arcs; la ligne CD est perpendiculaire sur AB. Mais ce procédé n’assure une exactitude suffisante que quand le croisement des ares décrits des points m et n peut se faire au-dessous de la ligne AB, ou lorsqu’on peut placer les points C et D à grande distance l’un de l’autre. Dans le cas contraire, faut se borner à diviser la longueur mn en deux parties égales, et joindre le point de division E au point C.
FIGURE 3. – Mener par un point C une ligne parallèle à la ligne AB.
On abaisse de ce point une perpendiculaire Cm sur la ligne AB. D’un point quelconque n, pris sur cetle ligne, on élève une seconde perpendiculaire sur AB, on lui donne nne longueur nD égale à Cm ; la ligne CD est la parallèle demandée. A quelque distance qu’on les prolonge, les lignes AB et CD ne se rencontrent pas.
La FIGURE 4 indique un autre mode de tracé, qui n’assure pas autant d’exactitude que le précédent, mais qui est plus expéditif et suffit en plusieurs circonstances. Du point C, on décrit un are de cercle mn qui touche la ligne AB sans la couper, c’est-a-dire qui lui est tangent, d’un autre point o, pris la sur la ligne, on décrit un are p avec le même rayon, et, par le point C, on mène une ligue CD, tangente à co dernier arc. FIGURE 5. – Par un point A, mener une ligne AG faisant avec la ligne AB 1n angle égal à un angle donné ca b. Lorsque les figures sont placées près l’une de l’autre, les deux lignes AB, ab étant parallèlos comme le montre le dessin, il suffit de mener par il le point A une parallèle à ac.
Une solution plus générale du problème, la seule qui soit admissible pour des opérations sur le terrain, consiste décrire, des points a et A el avec le mème rayon, deux ares de cercle mn, op, el porter la longueur mn de o en p. L’angle pAB est égal à l’angle donné.
Tandis que les longueurs des lignes droites s’énoncent en mètres et en subdivisions du mètre, celles des ares de cercle s’expriment en degrés, minutes et secondes. Le degré est la 360′ partie de la circonférence, la minute la 60° partie du degré, et la seconde la 60° partie de la minute. Le même mode de mesure s’applique aux angles, ct c’est là qu’il estle plus usité. Le nombre de degrés d’un angle est celui de l’arc de cerele décrit de son sommet comme centre et compris entre ses deux côlés. Ainsi, si l’arc mn de la figure 5 embrasse 21 degrés, on dit que l’angle cab est un angle de 21 degrés. On mesure les angles et les arcs de cercle sur le papier, au moyen de l’instrument
appelé rapporteur. Pour lès opérations sur le terrain, on a recours au graphomètre ou à T’équerre d’arpenteur. FIGUREs 6, 7, et 8. Raccordements courbes.
Les dispositions le plus habituellement employées pour réunir au moyen l’une ligne courbe deux droites non parallèles, sont représentés par ces figures. Dans la première, la courbe est un are de cercle, ainsi qu’il est d’usage dans le tracé des chemins de fer pour réunir deux portions rectilignes de la voie.
On divise l’angle ABC que forment les lignes AB, CB en deux parties égales, en décrivant entre elles un arc mn du point B comme centre, en portant la moitié de cel arc et de m en p, et en tirant la ligne Bp. Si le point de départ de la courbe est fixé sur l’une des lignes, en par exemple, on mène on par ce point une perpendiculaire sur a ligne BC, et le point o, où elle rencontre Bp, est le centre de l’are de raccordement, qui doit être décrit avec un rayon égal à oq. Cet arc est tangent à chacune des deux lignes qu’il réunit, et à mème distance du point B.
Si le rayon de l’arc de raccordement était déterminé par avance, on mènerait une parallèe à l’une des lignes données, à BC par exemple, à une a distance égale à la longueur du rayon, et l’on prendrait pour centre son point d’intersection avec la ligne Bp. Cette parallèle est indiquée sur la figure par les lettres r et s.
La FiGURE 7 fait connaitre un tracó auquel on a souvent recours lorsque par suite de circonstances particulières, les deux points de raccordement sont déterminés et ne se trouvent pas à égale distance du point B. Soient m et n ces deux points : on divise chacune des lignes Bm, Bn en un même nombre de parties égales, en sept par exemple, on numérote les points de divisions, ainsi que le montre la figure, et l’on et tire les lignes 1-1, 2-2, 3-3, etc. Les points où se coupent deux lignes consécutives appartiennent à la courbe cherchée, qu’on trace à la main el qui est tangente en et n aux deux lignes qu’elle réunit. Cetle courbe n’est pas un are de cercle. La FIGURE 8 montre comment s’opère le raccordement des deux lignes, quand on ne peut les prolonger jusqu’à ce qu’elles se rencontrent.
Soient AB et CD, ces deux lignes. Si le rayon de l’arc de raccordement est donné, on mène des parallèles mn et pqà AB et à CD à une distance de ces lignes égale au rayon; leur point d’intersection o est le centre de l’are à décrire. Si le point de départ de la courbe est donné sur l’une des lignes, en par exemple, on lait passer ce par ce point une perpendiculaire sur AB et une parallèle st à CD; on divise l’angle tsB en deux parties égales par la ligne su; on élève en s une perpendiculaire su sur cetle dernière ligne; par le point ou elle rencontre la ligne CD, on mène une perpendiculaire sur CD, laquelle détermine, par son intersection avec la perpendiculaire sur AB, le
centre o de l’arc à décrire ; cel are, est tangent aux lignes AB et CD aux points s et v. S FIGURES 9 et 9 10. – Ellipse.
L’ellipse est une courbe ovale qui est d’un usage assez répandu. Elle a deux axes principaux : l’un est le plus long, l’autre le plus court de ses diamètres. Ils se coupent à angles droits.
Trois méthodes principales sont employées pour le tracé de l’ellipse.
La première (fig. 9) consiste à décrire du centre o de l’ellipse deux circonférences de cercle ayant pour rayons, l’une la moitié oA du grand axe, l’autre la moitié oC du pelit axe; à mener par des points m, n, p, q, &, arbitrairement marqués sur la plus grande, des lignes verticales et des lignes dirigées sur le centre ; puis à faire passer des horizontales par les points où ces dernières lignes viennent couper la petite circonfé-• rence. Les points d’intersection des verticales et des horizontales tirées des mêmes rayons appartiennent à l’ellipse. Le tracé de la courbe se fait à la main, et il est d’autant a plus exact qu’on a déterminé un plus grand nombre de points.
La seconde méthode (fig. 10) permet un tracé continu, au moyen d’un fil ou d’une ficelle. Du sommet C du petit axe, on décrit un arc de cercle avec un rayon égal à la moitié du grand axe AB. Cet arc vient couper le grand axe en deux points v et 2, v qui sont les foyers de l’ellipse. On fixe sur chacun de ces points l’une des extrémités d’un fil, ayant la longueur AB du grand axe, puis on appuie contre ce fil la pointe d’un crayon, de manière à en tendre également les deux parties, et elle décrit la courbe. L’ellipse jouit en effet de cette propriété que la somme des deux lignes yv, ya joignant un quelconque de ses points aux foyers, est égale au grand axe.
La troisième méthode permet également un tracé continu, moyennant un instrument convenablement établi. Elle est également représentée par la figure 10. Sur une règle mn dont la longueur est égale à la moitié du grand axe de l’ellipse, on porte de m en o la longueur du demi-petit axe. On fait ensuite mouvoir cette règle de manière
que le point n soit toujours placé sur le petit axe et le point o sur le 0 grand ; l’extrémité m décrit l’ellipse.
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