La qualité pour tous les usages
INTÉRIEUR, EXTÉRIEUR : LES CONCEPTEURS FONT UN EMPLOI DE PLUS EN PLUS DIVERSIFIÉ DES PAREMENTS EN BÉTON COULÉ EN PLACE. SANS DOUTE PARCE QUE CE MATÉRIAU EXIGEANT EN AMONT SAIT AUSSI RÉCOMPENSER L’AUDACE DE L’ARCHITECTE AU MOMENT DU RÉSULTAT. PORTRAIT D’UNE TECHNIQUE DANS SES QUALITÉS ESSENTIELLES.
Pour l’architecte, le béton apparent coulé en place est sûrement le matériau idéal,celui qui matérialise le plus directement ses intentions. D’abord matériau de structure et d’enveloppe, le béton apparent coulé en place connaît aujourd’hui une tendance nouvelle,où il apparaît de façon plus ponctuelle pour magnifier une entrée ou un escalier, par exemple. Les architectes n’hésitent plus à le prescrire en intérieur, y compris pour du mobilier fixe. Dans tous les cas, concepteurs et entreprises n’ont pas le droit à l’erreur. D’où un travail de synthèse méthodique en amont pour éviter toute impasse technique, fonctionnelle ou esthétique, et un respect scrupuleux des règles de l’art en aval. Les projets présentés ici en sont la démonstration, même s’ils ne sont qu’une illustration succincte de la diversité des effets possibles.
L’aspect d’un béton apparent est déterminé par la géométrie de la paroi,sa composition et ses caractéristiques de surface. La géométrie est la base même du projet architectural, et dans le cas du béton – matériau plastique par essence –, la forme est créée directement par le coffrage. Le matériau utilisé, sa texture et les dimensions des banches jouent donc un rôle déterminant dans la qualité d’un béton apparent. S’agissant des matériaux de coffrage, les deux solutions standard sont le bois et le métal. Les banches métalliques se prêtent bien aux surfaces lisses, alors que par nature un béton coulé dans des planches de bois brut sera texturé. Dans tous les cas, le coffrage doit être parfaitement étanche. Le nombre de réemplois d’un coffrage bois est limité par des facteurs techniques (risque de porosité) et esthétiques (les creux tendent à s’atténuer au fil des réutilisations). L’architecte Pierre Fauroux recommande de ne pas dépasser sept coulages dans un même coffrage bois.Un système de banches métalliques bien entretenu autorise un coulage en petite série sur les projets les plus importants et les formes répétitives.
Chaque constituant du béton – ciment, sables, gravillons,adjuvants éventuels – a une influence sur l’aspect final. Les ciments doivent être certifiés conformes à la norme NF P 15-301. Les sables et les fines déterminent la teinte de fond du béton, tandis que gravillons et granulats apparaîtront plus ou moins selon le traitement de surface appliqué. Les traitements de surface sont classés Des nouveautés à découvrir La technologie du béton progresse régulièrement sous l’impulsion de nombreux programmes de recherche-développement. L’amélioration des performances mécaniques et l’optimisation économique sont les premiers moteurs de l’innovation. Et comme qualités techniques et qualités plastiques vont de pair, des nouveautés d’origine scientifique fournissent des résultats qui intéressent également l’architecte.
Ainsi les bétons autoplaçants – les BAP – sontils particulièrement bien adaptés au coulage des pièces très ferraillées ou de forme complexe. Fortement dosés en sable et en éléments fins, ils présentent une consistance très fluide obtenue par l’emploi de superplastifiants.
En fonction des additifs utilisés et de la nature des fines, on peut créer des bétons correspondant à toutes les gammes de résistance, jusqu’aux BHP (bétons hautes performances). Les BAP se coulent comme un métal en fusion et un léger talochage suffit pour créer une surface libre parfaitement lisse. Illustration récente de cette technique, l’église de Pierre-Louis Faloci qui se construit actuellement dans le 13e arrondissement de Paris.
Les qualités des BAP peuvent être exaltées par la technique de l’injection du béton en pied de coffrage, dénommée “béton poussé”.
Ce mode de mise en place apporte un gain de temps important (de l’ordre de 30 %) et des avantages appréciables en matière de sécurité et de réduction des nuisances (bruit, pollution). La diminution de la quantité d’air introduite améliore la qualité des parements, au bénéfice de l’économie, des performances et de l’aspect.
TECHNOLOGIE
Un écrin de béton blanc
Cette école d’art de la ZAC Réunion, dans le 20e arrondissement de Paris, se veut discrète dans son architecture. À l’intérieur, l’harmonie domine : espace, lumière et matière composent une ambiance particulièrement agréable.
Dans le premier atelier rayonne un béton blanc ponctuellement accordé avec des plans de marbre ou des motifs métalliques. Toutes les dimensions – le calepinage en particulier – ont été déterminées en référence au nombre d’or. Un tracé régulateur extrêmement précis figure dans tous les plans de synthèse: on y trouve jusqu’à la position des interrupteurs, des appliques et des prises électriques. La même rigueur apparaît dans la rédaction du cahier des charges techniques. Un tableau rassemble toutes les caractéristiques du béton blanc (BCNCPA-CEMI 52,5 SB FL B300/10 plus fillers de silice et retardateur de prise, gravillons 4/10 de Pécy [77] et sables 0/4quartz de Harzano).
Les coffrages sont formés de panneaux de contreplaqué de 18mm d’épaisseur fixés sur une ossature bois et revêtus d’une peinture polyuréthanne.
L’étanchéité entre panneaux est assurée par un joint de mousse polyuréthanne sur la tranche des peaux de coffrage. Une talonnette béton coulée à l’avance garantit le bon positionnement du joint en pied de panneau.
Issu d’une centrale de BPE, le béton a été amené par camion malaxeur puis déversé dans une benne, ellemême déplacée par la grue à tour au droit du coffrage. Le béton a été déversé à l’aide d’un tube plongeur inox et vidé par couches de 50cm environ avec une hauteur de chute n’excédant pas 80cm. La vibration interne a été effectuée avec une aiguille plongée sur au moins 10cm, selon un pas n’excédant pas 50 cm. Le décoffrage avait lieu 34 ou 36heures plus tard, selon les conditions climatiques. Une protection sérieuse des ouvrages sur une hauteur de 2,5m, avec une plaque de polyuréthanne alvéolaire et un panneau de contreplaqué de 15 mm, a préservé la qualité des parements des aléas du chantier.